Olga Romanova

« Добрий вечiр, je suis Olga Romanova. Je suis née en 1961, dans un village de l'Est, désormais sous le contrôle de l'Union bolchevique. J'ai de rares souvenirs de mon père : il était reporter international ; lorsqu'il était là, il ne savait pas s'y prendre, avec moi. J'ai pu m'en plaindre, à un moment, mais j'ai idéalisé sa façon de vivre, en fin de compte. Le risque inconnu du voyage et l'opiniâtreté dans la recherche de la vérité... Tant de gens souhaitent déformer l'idéologie du Parti ! Il faut seulement faire attention, lorsque l'on voyage à l'étranger : l'individualisme et la consommation nuisent à l'esprit. La propagande est terrible, en-dehors de nos frontières.

« Un jour mon père, Andreï Romanov, n'est pas revenu. J'ai pris sa suite en m'inscrivant à l'Université de Novokiev, afin d'étudier le droit international. Coincé entre l'Empire de Saxonie d'un côté, l'Union bolchevique de l'autre, la Novorossija aura besoin de diplomates sachant la défendre ! L'ennui du droit, toutefois, c'est qu'il n'est pas scrupuleusement respecté par l'ennemi, même si notre leader bien-aimé, Stepan Andriyovitch, n'a qu'une parole.

« Le Ministère m'a réservé un logement dans l'immeuble. Il agit pour rapatrier les Novorusses se trouvant sur le sol de l'Union bolchevique, à la suite de l'annexion du bassin houiller de l'oblast de l'Est. J'ai refusé jusqu'à maintenant, car le rapatriement visait les ingénieurs, les techniciens, les étudiants ; mais maman n'en faisait pas partie. Comme elle insistait, j'ai fini par me laisser convaincre. À la fin de mon cursus, si je lui obtiens les papiers qu'il faut, je crois qu'elle me rejoindra. Maman n'apprécie pas les Bolcheviques !

« Je vous retrouverai tout à l'heure, au Réfectoire ! Je suis encore en train d'emménager. Portez-vous bien. Vive le Parti ! »